Je devais avoir 12 ou 13 ans. Nous étions un samedi et j’avais invité un ami pour la journée : Maxime. Nous étions assis côte à côte sur le canapé et nous regardions des clips sur mcm pendant que ma mère faisait la cuisine.

Au bout d’un moment je décidais de lui faire une blague, juste pour rigoler. Je commençais donc à approcher lentement mon visage du sien. Il me dit bien : « qu’est-ce que tu fais ? », mais il ne se recula pas pour autant. Aussi continuai-je à m’avancer. Je sentais son souffle contre ma peau, il était doux et régulier. Chaud aussi. Etrangement, plus je me rapprochais de lui plus j’oubliais que je devrais me reculer à la dernière minute, nous faisant rire tout les deux. Je me surpris à regarder ces lèvres avec envie. Je ne voyais pas ses yeux mais je pense qu’il devait regarder mes propres lèvres puisqu’il entrouvrit légèrement les siennes. Lorsque mon nez effleura le sien j’oubliai où je me trouvais et je cessais de réfléchir, je posai délicatement mes lèvres sur les siennes. Une fois encore il ne recula pas, au contraire il s’avança à son tour et augmentant la pression qu’il exerçait sur ma bouche. Réalisant tout à coup ce que nous faisions je me reculais vivement. J’avais peur, mais je n’en montrai rien :

- C’était drôle, hein ? dis-je gêné malgré tout.

- Non pas vraiment, fit-il l’air grave. Pourquoi tu as fait ça ?

- Ben…je… je voulais juste rigoler… dis-je en me sentant vraiment nul.

- Depuis quand embrasser les gens est devenu rigolo ?

Trouvant qu’il prenait ce baiser papillon un peu trop au sérieux, je m’emportais :

- Mais c’est pas vrai ça ! C’était censé être une blague ! Je m’excuse, d’accord ? Je me suis laissé emporter, je…j’ai pas réussi à m’arrêter, je n’en avais pas envie…avoua-t-il dans un murmure. Mais toi aussi, t’es en tort, ces mots les firent frissonner tout les deux, tu ne m’en as pas empêché, au contraire, tu m’as répondu ! lui rappelai-je

Son visage prit la même teinte que le mien, c’est-à-dire rouge. Et il plongea ses yeux dans les miens :

- Ça t’as plu ? lâcha-t-il d’une traite

- … bredouillai-je.

- Alors ? insista-t-il

- Oui, OUI ! dis-je bien plus fort mais en détournant le regard. Et…et toi ? demandais-je en lui lançant un ou deux regards en coin.

- Moi aussi tu sais…

Il devait trouver que ce que nous avions fait été plutôt léger pour un premier baiser puisque cette fois ce fût lui qui prit l’initiative d’emprisonner ma bouche de ses lèvres. Je me laissai emporter et lui répondais autant qu’un gamin de 13 ans le pouvait. Nous nous lâchions tout en restant l’un près de l’autre lorsque la voix de ma mère se fit entendre depuis la cuisine : « A table ! ». Après un sourire complice nous nous levions et prenions place à table.

Mine de rien, à 13 ans on est encore enfant, et notre début d’histoire ne mena à rien. Mais pour chacun de nous deux, ce jeu d’enfant avait décidé d’une bonne partie du reste de notre vie.

FIN

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